Etat d'esprit

Premières impressions et précisions sur notre démarche

Il ressort de ces quelques jours une évidence : ce séjour au Sénégal peut  créer du stress car il brouille mes représentations : je n’ai plus de repère fixe pour arrêter des comportements et des points de vue. La réalité est autre, complexe, mais je fais aussi partie de cette réalité, par l’histoire de la France et de ces colonies, par l’histoire des inégalités nord sud croissantes, par la solidarité obligatoire vis-à-vis de l’avenir de la planète par ce que je suis de toute manière un touriste et un toubab !

Quel est le juste prix des choses, quel est l’attitude juste, qui ne choque pas et qui ne soit pas pour autant soumission ni reniement de mes valeurs ! Je me refuse à adopter un point de vue «occidental », sûr de son droit et de ses valeurs universelles.  qui frise parfois le néo colonialisme, y compris lorsqu’il est progressiste, bordé de bonnes intentions.. pour autant, des principes, des analyses, issus de notre expériences en France ne sont pas à mettre au rancard au nom du relativisme culturel… qui peut tout accepter au nom de la différence de contexte.

 Entre les deux,  il y a à décider,  à se prononcer… faut-il accepter de payer n’importe quel prix puisque nous sommes riches après tout, immensément plus que n’importe qui ici (ceux qu’on rencontre), faut-il marchander pied à pied pour faire comme les gens du pays et ne pas se faire avoir ! Entre les deux  ! bien sûr, mais où mettre la barre ? Mais nous trouverons cela aussi pour les actions de développement, le tourisme, éco, durable ou solidaire, qui ne peut se limiter à des slogans ni à des simplifications caricaturales…

Cet inconfort que je ressens est cependant riche justement. Casser les certitudes, poser des questions, relativiser et peser les arguments des uns et des autres.. Ouverture, questionnement, nuance.

Cela m’amène à un positionnement d’humilité, et certainement pas à des analyses définitives et dogmatiques. Loin de nous donc de juger, de trancher entre le bon et le mauvais. Je vais plutôt essayer de relever les questions qui se posent, sans trop d’auto-censure, les alternatives qui se présentent, sachant que personnes à mon sens n’est indemne de contradictions, de difficultés, de compromissions. Personne n’est parfait, personne n’a LA solution, et c’est cela la richesse si on sait mettre en dialogue ces différences. C’est ce à quoi je vais m’atteler de faire pour le plaisir et le débat, en espérant que cela peut servir aux uns et aux autres…

A suivre ! Si le temps nous le permet.

Ps

Le blog concerne notre voyage commun à Françoise et à moi. Le journal est commun. Mais les commentaires sont les miens et on a convenu que Françoise vous ferait part de ces propres commentaires de son coté si possible, si envie et si le temps.

Signé Jean

Comments

[fabrice]

...pour votre rapport, parcouru rapidement mais assez instructif. De retour du mali, ou j'aide un copain sans§papiers. il a crée une coopé d'habitation populaire (banco).
j'avoue que pour être enhousiaste au départ, la question du tourisme solidaire me laisse sceptique désormais (curieuses réunions à icd, avec parfois moralisme business déconcertant).
Bon, qu'y-at'il a voir, et ou ? c'est autre chose de développer un projet en brousse, chez les dogons où tout le monde va, au dans les sites "cool" du sénégal, que dans les zones rurbaines de Bamako ou de Gao. J'ai des amis paysans formidables. je vais bosser avec eux, Mais je ne vois pas qui paierait pour apprendre d'eux et partager certaines journées avec eux comme je le fais, les pieds dans la boue des rizières à risquer les fièvres et les parasites (c'est un plaisir, oui oui, mais un peu cinglé, non?)

Trop de sous développement "voulu". Necessité d'une révolte ? je me pose la question. Comment faire tourner un hotel ou un bar dans un site superbe sans route, sans electricité?
les africains ne le savent pas plus que nous.




on avance, en tous cas.quelle rigueur de votre part++

fabrice Loi